Véritable nerf de la guerre, la monnaie a traversé les siècles et semé l’histoire de l’humanité de moments de paix et de guerres… L’argent nous tient depuis la nuit des temps. Bienfait du ciel ou invention diabolique. Dans la célébrissime réplique d’Al Pacino dans le Parrain : « Tu as l’argent, tu as le pouvoir. Tu as le pouvoir, tu as les femmes », le ton est donné… Tout commence avec et par l’argent.
Sommaire
Les premières pièces de monnaie
Tout a commencé, semble-t-il, vers 650 avant Jésus-Christ. Nous sommes autour de la mer Égée, et l’idée de frapper des pièces en métal précieux vient de naître. Ces pièces avaient en fait pour principal but de satisfaire l’ego des cités et de leurs chefs. La monnaie avait alors une symbolique essentiellement basée sur l’ostentatoire.
Mais, assez rapidement, on se rendit compte que ces pièces frappées avaient un autre rôle et beaucoup plus important : celui de faciliter les échanges de marchandises.
En effet, une fois leur valeur, c’est-à-dire leur poids en métal précieux, garantie par un roi ou une association de marchands, ces pièces pouvaient être échangées contre des marchandises telles que du bétail, des céréales et bien d’autres choses.
Peu à peu, la monnaie donc s’est substituée au troc traditionnel qui consistait à échanger des marchandises contre des marchandises. L’échange monétaire venait de naître.
L’argent au fil des siècles
Les métaux précieux tels que l’or, l’argent et le cuivre servirent de monnaie aux civilisations de l’antiquité. Les despotes de ces temps lointains, se saisirent progressivement du droit de battre la monnaie à leur effigie. Puis les imposèrent comme instruments commerciaux obligatoires.
Du coup, ils dépossédèrent leurs sujets du privilège de la confiance en la concentrant entre leurs mains.
Mais, cela ne suffit pas. Pour être crédible, une monnaie devait avoir une certaine valeur d’échange ou alors être garantie.
Les débuts
De nombreuses malversations réduisaient souvent la valeur de la monnaie et déclenchaient par la même occasion de l’inflation. La plus courante était le mélange de métaux non précieux avec de l’or ou de l’argent. Les détenteurs de cette monnaie sans valeur, victimes d’une grosse arnaque, se retrouvaient floués.
Un système monétaire est nécessaire au développement d’un État développé. Il faut bien payer les nombreux fonctionnaires. Le troc ne suffit pas, on ne peut les payer en nature. Une armée puissante et organisée nécessite également une logistique importante. Au début du Ille siècle après JC, l’empereur Constantin imposa la pièce d’or, le solidus, qui signifie en latin « massif ». C’est du reste de là que nous vient le mot sou. Le mot soldat en découle également. La circulation des solidus perdura en Europe pendant un demi-millénaire.
Les premières monnaies internationales
Au Moyen Âge, à cause des nombreuses guerres territoriales, l’or se fit rare. Charlemagne, roi des Francs, pour pallier ce manque, mit en circulation une nouvelle monnaie de référence, le denier d’argent.
Cette nouvelle monnaie fut si bien adoptée, qu’aujourd’hui encore, « argent » reste synonyme de monnaie.
Cependant, les pièces d’or ne furent pas pour autant reléguées aux oubliettes. Pendant la grande période d’expansion économique du Moyen Âge, elles réapparurent. La première fut le florin de Florence en 1252 puis le ducat de Venise. En France, Saint-Louis adopte le bimétallisme en créant le tournoi d’argent et l’écu en or. Sous Louis XIII apparait enfin le louis d’or.
La première monnaie internationale nous arriva tout droit de Vienne. C’est en 1750 que l’impératrice Marie-Thérèse de Habsbourg, reine de Hongrie et de Bohême, fit frapper un thaler en or à son effigie.
Le Thaler devint très vite une monnaie internationale utilisée dans les colonies espagnoles et anglaises d’Amérique et même jusqu’en Afrique orientale.
Le dollar est d’ailleurs une déformation du mot thaler.
Quelle valeur a la monnaie ?
Historiquement, depuis les Grecs, deux pratiques se sont succédé :
- La première voulait que la monnaie utilisée ait une valeur intrinsèque. À cette époque, acheter avec de la monnaie était juste considéré comme un troc particulier. Beaucoup de choses ont servi comme monnaie d’échange. Peu à peu, l’or et l’argent se sont imposés. Ils avaient comme gros atout celui de durer dans le temps et d’être rares.
- La seconde pratique considérait la monnaie comme une convention sociale. Peu importe qu’elle n’ait aucune valeur intrinsèque, l’essentiel étant que tout le monde l’accepte comme monnaie d’échange. On parlait alors de monnaie fiduciaire, c’est-à-dire basé sur la foi et la confiance.
Au Moyen Âge et jusqu’au 19ᵉ siècle, toutes les monnaies furent définies par rapport à l’or et à l’argent. Chaque pays, en fonction de ce qu’il détenait le plus dans ses coffres, utilisait un des deux métaux précieux. On se servait de l’autre comme appoint. C’est ce qu’on appelle le système bimétallique.
L’étalon or
L’étalon-or « classique » prit le relais, et ce, jusqu’en 1914. À cette époque, toutes les monnaies furent définies par rapport à l’or.
La monnaie papier est un substitut à l’or. Les taux de conversion de chaque monnaie en or, sont fixes. Cela garantit la stabilité de la monnaie et empêche, par là même, toute inflation provoquée artificiellement par une augmentation de la masse monétaire.
De 1914 à 1971, c’est l’étalon de change-or qui reprend le relais.
Il s’agit d’un système mixte dans lequel certains pays veulent conserver les avantages de l’étalon-or, alors que d’autres veulent garder la possibilité, via la planche à billets, d’avoir des taux de change variables. En 1944, les accords de Bretton Woods consacrent l’or et permettent une stabilité monétaire internationale. Chaque banque centrale doit conserver une certaine quantité d’or ou de devises en réserves. Garantissant ainsi leur valeur.
1971 : abandon de la convertibilité du dollar
Nixon suspend la convertibilité du dollar en or en 1971. Depuis, c’est le régime des changes flottants qui est en vigueur.
Le principe : les monnaies varient entre elles librement, suivant l’offre et la demande. Dans ce système, il n’y a plus de contrepartie métallique à la monnaie émise, seulement des dettes.
Quelques monnaies atypiques dans le monde
Les tranches trouées de pierres. Où ? Dans les îles Yap situées dans l’océan Pacifique nord. Cette « monnaie » est toujours d’usage aujourd’hui.
Autrefois, ces pierres étaient transportées pendant 400 km par mer jusqu’aux Yap, car sur place, il n’y avait pas de carrière de pierres. Les pierres avaient jusqu’à 4 mètres de diamètre.
Plus un propriétaire de hutte avait de pierres et plus riche et respecté, il était. Les femmes avaient leur propre monnaie : des coquilles d’huîtres perlières percées et enfilées.
En Nouvelle-Guinée, les habitants utilisaient également des huîtres perlières polies en forme de demi-lune, parfois peintes comme monnaie : la kina. Aujourd’hui, la monnaie de la Nouvelle-Guinée s’appelle toujours la kina. Les huîtres perlières sont représentées sur les billets de banque du pays.
En Virginie, aux États-Unis, le tabac fut longtemps utilisé comme monnaie d’échange.
En Chine, de 1100 av JC à 1578 après JC, ce sont les coquilles Kauris ou cauries qui servirent de monnaie locale. Cette monnaie passe en Inde au 5e siècle après JC et petit à petit devint la monnaie utilisée dans tout le Pacifique.
Au début du 19ᵉ siècle, les commerçants arabes les exportèrent de chez eux vers l’Afrique en passant par le Soudan, la Guinée, la Mauritanie et jusqu’aux berbères de l’Atlas.
En Islande, pendant longtemps, le poisson séché fit office de monnaie d’échange